Calor, une usine en perspective
Rovetta, le dragon et la pieuvre
Documentaire - 73' - 2006
Co-production : C.E Calor, Cinex et M.A-G
Diffusions : festivals, salles art et essai Rhône-Alpes, BPI et réseau Bibliothèques Municipales et réseau de librairies en Rhône-Alpes
Exposition : extraits pour "Etre ouvrier en Isère" - Musée Dauphinois, Grenoble
Le film vu par Xavier Tresvaux, journaliste pour les Cahiers du cinéma :
"Entre les séquences d’interviews, l’usine se laisse contempler par des gestes, gestes des ouvriers, mouvements des robots. La parole travaille, pressée, ajustée, boulonnée dans les images, assommée parfois par la musique qui se substitue aux bruits réels de l’usine. On n’entre pas ici comme dans un moulin télévisuel nous disent les cris des guitares concrètes.
Vous ne serez pas des voyeurs. (…)
Le film déborde l’entre soi collectif. Aucun des interviewés ne parle comme s’il s’adressait à ses pairs. On était venu pour se parler ? Le cinéma incidemment transforme la consigne. On était venu pour vous parler. Vous ? Nous, eux. De l’intimité est alors possible.
On peut se dire des choses que la présence d’un autre, anonyme et lointain, favorise. Face à la
caméra, qui n’est pas un collègue, cette femme confie qu’en étant ouvrière elle n’exerce pas un métier mais un travail. Pas de honte à avoir et pourtant si, le nom d’ouvrière n’est pas si facile à porter dit-elle, le regard des autres ne vous renvoie pas toujours une image gratifiante.
C’est qui les autres ? « Nous ». Témoin indirect mais nécessaire. Sa présence change tout. Le film, qui était prévu pour être le point fort de l’anniversaire de l’usine est devenu son empêchement. Les anniversaires ont lieu en famille, c’est bien connu. L’invité surprise n’a pas plu aux dirigeants, la fête a été annulée, les membres du CE, fiers du film, ne regrettent rien.»